SENS ET COHERENCES HUMAINES
L'HUMANISME METHODOLOGIQUE
©Roger NIFLE

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L'HUMANISME MÉTHODOLOGIQUE

Bases et Perspectives

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AVERTISSEMENT

L'Humanisme Méthodologique a vu le jour avec la théorie de l'Instance et des Cohérences Humaines. C'est toute une conception de l'homme qui émergeait répondant à une double insatisfaction. Tout d'abord l'abstraction de l'humain dans la compréhension des affaires humaines et la conception de l'action; comme si les choses qui nous entourent étaient la seule cause de ce qui nous arrive et de nous mêmes. Dès lors la gestion des choses devient l'alpha et l'oméga de l'activité humaine et du destin de l'homme. Ensuite la multiplicité des conceptions de l'homme, implicites dans les récits des aventures et des affaires humaines, sciences ou pratiques, jette un trouble sur l'implication véritable des hommes dans leur propre existence.

Qu'est ce que l'homme? quel est le Sens de son existence? Comment se joue-t-il au travers des différentes circonstances de celles-ci et des différentes affaires humaines personnelles, collectives, historiques, à venir? C'est une nouvelle vision, cohérente, qui se dégage de l'Humanisme Méthodologique. Elle permet de comprendre autrement les situations et les affaires humaines, sciences et pratiques. Elle permet de connaître autrement le monde que nous habitons, humain de part en part et aussi comment l'homme "réalise" le monde. Elle permet en conséquence de reformuler tous les problèmes des hommes et de proposer de nouvelles solutions, de nouvelles méthodes, de nouvelles pratiques.

Rien n'empêche alors de resituer les approches habituelles, de les critiquer et d'en retirer toutes les pertinences mais aussi de ne plus se laisser faire par les conceptions et les méthodes qui nous emportent dans n'importe quelles directions sans discernement.

Nous sommes en effet sans cesse engagés par des aveugles péremptoires qui semblent tenir leurs certitudes de l'évidence, de la science, de quelque vérité établie, comme si les hommes n'y avaient nulle part comme si ceux qui affirment n'y étaient pour rien et ceux qui suivent encore moins sauf négativement.

Affirmer la dignité de l'homme, par sa nature et non quelque convention juridique ou sentimentale. Reconnaître l'humanité du monde, pour le pire et le meilleur bien sûr, et ce que veut dire humanisation du monde, traduire tout cela en conceptions nouvelles et en mode d'action, tels sont les enjeux de l'humanisme méthodologique;

Après plus de 25 ans de développements dans de nombreux domaines, sur le plan des éclairages, des conceptions, des méthodes et des applications, de nombreux textes en sont issus, disponibles pour la plupart sur Internet. Cependant ils ne donnent pas une vision d'ensemble cohérente de l'humanisme méthodologique et l'ouvrage de base 'Au coeur du sujet' publié en 1986 est épuisé et difficile d'accès. C'est pour combler ces carences que cet ouvrage est conçu. Il représente une certaine vulgarisation dans la mesure ou bien des questions de fond ne sont pas abordées et d'autres bien simplifiées. Le lecteur est invité alors à consulter d'autres textes qui lui sont indiqués en référence et pour des contenus dont il n'aura ici qu'un aperçu.

Le livre est construit en deux parties:

- D'une part les bases de l'humanisme méthodologique, sa conception de l'homme, du monde et des pratiques humaines,

- D'autre part les perspectives de l'humanisme méthodologique au travers de multiples domaines auxquels il a été confronté.

Tout cela n'est qu'un début, d'infinis développements ont été aperçus et d'autres seront imaginés. Ce sera l'oeuvre de ceux qui reprendront les promesses d'un nouvel humanisme, pour l'accomplissement de l'homme dans l'action, au travers des multiples circonstances de l'existence individuelle et collective.

Roger NIFLE Septembre 2003

L'humanisme méthodologique

Charte de l'humanisme méthodologique

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CHAPITRE I - LA PERSONNE ET L'INDIVIDU, INSTANCE ET EXISTENCE

Question première : Qu'est ce qu'un homme?

Réponses :

Il existe toutes sortes de conceptions de l'homme. Ce sont toutes des conceptions humaines, d'origine humaine et témoignant à chaque fois d'une vision humaine de l'homme et du monde qui sert à expliquer et justifier les enjeux humains, les affaires humaines, les pratiques humaines.

Elles sont toutes vraies d'une certaine manière mais ne représentent, le plus souvent, qu'une dimension de l'homme tout en excluant ou y subordonnant les autres dimensions. Elles ne sont donc pas toutes équivalentes. Pour les uns, l'homme est un organisme bio-physico-chimique, voué au destin des organismes bio-physico-chimiques. Pour d'autres, l'homme est une conscience, organisée par la Raison dont l'origine et le siège sont souvent mystérieux ou bien hypothétiques. Il y a ceux pour qui l'homme est une espèce d'animal doté de qualités et de défauts particuliers. L'homme est peut être ce composé d'un psychisme et d'un corps en interaction. Est-ce un être spirituel incarné ou bien encore une sorte d'entité réincarnée? Est-ce encore un système interagissant ou l'agent de systèmes qui le déterminent de part en part?

Solution:

Il existe une conception de l'homme qui rend compte de l'origine, la logique et les conséquences de toutes les conceptions possibles de l'homme par l'homme et donc du monde par l'homme. Elle privilégie aussi l'idée pour l'homme d'avoir à s'accomplir et donc d'avoir une histoire celle de son accomplissement, personnelle et collective, d'avoir un vocation en ce monde, engager et poursuivre son propre accomplissement en servant celui des autres au travers de toutes les situations de l'existence. C'est par le biais de l'articulation simultanée d'une réalisation progressive du monde humain (humanisation du monde) et d'une révélation progressive de son humanité que l'homme s'accomplit. Exister dans le monde, c'est aussi le connaître, y agir, y grandir. Cela sert à révéler son humanité véritable et, de cette révélation, acquérir discernement, liberté autonomie, maîtrise de ses réalisations existentielles... et virtuelles.

La proposition de l'Humanisme méthodologique :

L'homme est une personne, cela veut dire qu'il est un être potentiellement capable d'être auteur, conscient, libre, responsable autrement dit 'maître' de l'exercice de son humanité et donc de ses réalisations existentielles. L'accomplissement de l'homme consiste à atteindre progressivement cette visée au travers des chemins de l'existence.

Pour que cela soit possible il faut que l'homme ne se réduise pas à son individualité existentielle qui apparaîtrait vite, autrement, comme uniquement, exclusivement et totalement conditionnée par son environnement et aussi bien des déterminismes génétiques, sociaux, ou autres. C'est ce que veulent croire un grand nombre de conceptions antihumaniste de l'homme, fort agissantes.

Il faut donc que la personne soit une Instance qui transcende son existence individuelle pour y exercer petit à petit une certaine maîtrise sachant que cette existence individuelle est néanmoins dépendante, en première approche, de son environnement, le monde, et en deuxième approche des autres Instances humaines.

La plupart des autres conceptions réduisent ainsi l'homme à son individualité existentielle, renonçant à tout accomplissement par l'absence de la transcendance qui, au coeur de la personne, est la condition de toute liberté, même conditionnelle et conditionnée. Des artifices peu cohérents font aussi quelques fois d'une caractéristique de l'individualité existentielle le principe transcendant qui sauverait cette liberté : l'affectivité, la subjectivité, la conscience mentale, la raison, le corps, la matière. A chaque fois la composante en question est devenue une sorte d'âme transcendante.

Instance personnelle et existence individuelle constituent la personne humaine.

1 - L'individualité existentielle ou existence individuelle

En général nous nous voyons les uns les autres comme des individus qui partagent un même monde chargés de mille différences certes mais constitués de composantes identiques.

Une conception classique mais très fortement soutenue à notre époque fait dériver notre existence individuelle de la combinaison complexe de facteurs du monde environnant dont nous serions les produits. La production exclusivement biologique en est une version des plus courante, frappée du seau de la certitude pour beaucoup. Dans ce cadre là la dialectique de l'inné et de l'acquis ne change rien au fond, nous serions naturellement totalement conditionnés.

Nous allons simplement décrire ici la structure existentielle de notre individualité selon l'anthropologie de l'humanisme méthodologique.

Cette structure est appelé cohérenciel, en voici le contenu :

STRUCTURE COHÉRENCIELLE OU COHÉRENCIEL

DE L'EXISTENCE INDIVIDUELLE DE L'HOMME

Un sujet intentionnel. Il apparaît que les individus humains sont porteurs d'intentions, multiples, choisies en conscience ou non, libres ou influencées, maîtrisées ou inconscientes.

Le fait qu'il puisse y avoir une libre intention, autonome, responsable, une volonté propre, indique qu'il y a, derrière le sujet, une transcendance, celle de l'Instance. L'intention, consciente ou non qui est la nôtre semble orienter le regard sur le monde et engager à l'action tout en déterminant des critères et des repères qui leur donne valeur.

Enfin on notera que cette 'intention' peut prendre de nombreux visages: aspiration, motivation, désir, volonté, force intérieure, etc...

Un objet complexe.

L'individu peut être analysé objectivement non seulement selon les facteurs qui le composent mais aussi ceux qui le conditionnent. Les sciences en multiplient les analyses

Cependant une chose est d'être conditionné par des facteurs constituants ou environnants autre chose serait de n'être qu'un pur effet de conditionnements. C'est ce qui différencie l'homme de tout autre chose qui, n'ayant pas d'Instance transcendante, ne peut échapper aux déterminations et leurs aléas, au hasard et à la nécessité.

Il est juste néanmoins de remarquer l'interdépendance universelle des individus dans leur environnement. C'est la marque de la contingence de l'existence à laquelle les hommes ne se réduisent pas.

Les individus que nous sommes sont dépendants et si nous ne considérons que cette dimension nous pouvons les croire n'être que dépendants alors qu'ils peuvent aussi devenir autonomes.

L'autonomie consiste donc, on le voit à ce premier stade, à déterminer le Sens, l'orientation, l'engagement à donner à cette dépendance quitte d'ailleurs à choisir certaines dépendances plutôt que d'autres. Voilà une première approche de la question de la liberté.

Une histoire en projet

On ne peut pas définir un individu par son état instantané. Il a une histoire, un commencement, une fin. Il en vit les péripéties, les transformations. Notre corps change, on le voit bien, et ce changement a un début et une fin. Il n'y a pas que notre corps qui change, c'est toute notre individualité au travers des modes de vie, des expériences, des engagements qui fait que nous évoluons sans cesse. Il se trouve encore que cette évolution n'est pas n'importe laquelle, elle constitue une histoire et cette histoire peut être, si on s'y engage, celle d'un accomplissement humain qui intègre les conditions de l'existence mais aussi une intentionnalité qui en marque le Sens.

Cette histoire de l'existence individuelle peut avorter, diverger, échouer, réaliser des ambitions, se disperser. Progresser et grandir, représentent aussi une façon de comprendre et donner un Sens à cette histoire.

On verra qu'il y a en effet une trajectoire d'évolution humaine qui est possible lorsque que c'est l'accomplissement qui est choisi et visé. Rien n'y oblige, c'est une possibilité parmi d'autres, mais quel enjeu !

La composante affective.

L'existence d'un individu est faite aussi d'un vécu : multitudes de sentiments, d'émotions, d'appréciations, de répulsions, de souffrances et de bonheurs, de joies et de tristesses. Cela donne une certaine consistance à l'existence individuelle, subie ou choisie, influencée ou agissante.

Ce vécu, certains en fond l'essentiel et même la source, on verra pourquoi. Il est en fait l'éprouvé de ce qui nous affecte, l'éprouvé de nos rapports avec les acteurs et facteurs de l'existence, selon le Sens que nous leur donnons, qu'ils prennent pour nous et donc l'intention à leur égard. En particulier les relations inter individuelles sont le lieu d'une affectation réciproque qui justifie ou seulement aide à réguler ces relations.

La composante corporelle

Nous connaissons notre existence pour une part par les interactions physiques que nous avons avec le monde. C'est comme cela que nous acquérons comportements et savoir-faire en rapport avec les autres corps, les choses qui nous environnent que nous façonnons et utilisons avec notre propre corps. Notons cependant que ce que nous savons de notre estomac est surtout de l'ordre des sensations éprouvées et des représentations mentales. C'est dire le caractère relatif de cette connaissance corporelle, corporéité que certains placent à la base essentielle de l'individu.

La composante mentale

Décrire un individu sans tenir compte de ce qu'il vit et exprime par le langage, sans ses représentations culturelles, sociales, son identité, son statut, la place qu'il occupe dans les institutions et organisations de la cité serait un manquement à son intégrité. A l'extrême, certains feront de ces représentations l'alpha et l'oméga de l'individu (citoyen par exemple). Considérons cependant que le sujet qui s'engage et se projette dans une histoire, celle de son existence, dans les conditions particulières qui sont les siennes, prend une place dans le rapport aux autres, au monde et la société à laquelle il s'identifie et par laquelle il est identifié.

Il suffit à ce stade de remarquer que l'identité de soi pour l'individu et son identité pour les autres ne se recouvrent probablement qu'en partie.

L'intégrité et l'intégration de l'individu

Si l'individualité est l'existence d'une personne alors l'ensemble des composantes de son existence individuelle peut être envisagé dans son intégralité, comme lui appartenant en propre en même temps que cette existence est conditionnée par son environnement. On peut alors envisager cette individualité comme du dedans (l'Instance) et comprendre les articulations entre ces dimensions et composantes.

Notons simplement pour le moment que la subjectivité avec ses volets mentaux et affectifs correspond à ce que l'on appelle quelque fois la psyché ou l'âme psychique, lieu des phénomènes psychologiques.

Cependant toutes les dimensions de l'individu et les composantes de son existence ne sont pas la juxtaposition d'organes ou de fonctions mais les différentes facettes de la même chose. Ce qui se présente pour l'une d'elle est présent pour toutes les autres même si nous en considérons tel ou tel mode d'expression privilégié. On ne peut séparer ce qui n'est qu'un visage de l'intégralité individuelle. L'intégrité de la personne en dépend.

Pourquoi cette structure de l'individualité existentielle? Nous verrons que cela traduit l'expérience du Sens ce qui nous renvoie à l'autre appréhension de la personne: son Instance.

Pour approfondir : La trialectique sujet - objet - projet

2) L'instance de la personne, Être de Sens en devenir

Je ne suis ni mon corps, ni mon vécu, ni mes représentations mentales mais c'est comme cela que j'existe (et j'y tiens). Celui qui existe ainsi est une Instance personnelle dont l'existence individuelle est l'expérience de soi, parmi les autres, dans le monde commun.

Que dire de l'Instance humaine, celle de chacun alors que tout discours, tout vécu, toute représentation appartiennent à l'existence, pas à l'Instance.

Le travail 'théorique', c'est-à-dire ce processus de cheminement intérieur vers l'être en soi, son Instance donc, passe par la médiation d'éléments d'expérience. C'est donc 'au travers' de ce qui peut en être dit que le lecteur est invité à 'entendre' ce qu'il en est de son Instance. Cela ne peut se faire que progressivement et il faudra accepter des 'images' qui prendront corps petit à petit ou plutôt Sens.

Les Instances humaines, personnelles sont 'faites de Sens'.

Sens est écrit ici avec une majuscule pour le différencier de ses multiples traductions existentielles que recouvre notamment le terme de sens (en français particulièrement).

Ainsi un Sens est comme une 'disposition d'être' de l'Instance, une orientation intérieure parmi d'autres possibles dont elle se différencie par ses conséquences tant sur le plan existentiel que pour l'Instance elle-même.

Sur le plan existentiel un Sens de l'Instance se traduit par :

- une intentionnalité spécifique (orientation, aspiration, motivation, volonté, désir...),

- un rapport à l'environnement particulier où ce qui est significatif dépend justement de cette disposition,

- un déroulement de l'existence selon une certaine rationalité.

C'est aussi sur le plan du vécu, de l'incarnation physique et des représentations mentales que ce même Sens se traduit. Les dimensions et composantes de l'existence sont toutes des modes d'expérience du Sens.

L'individualité existentielle dépend du Sens dans lequel son Instance personnelle est disposée. Tout changement de Sens de l'Instance se traduit par un changement dans l'existence. La persévérance dans un même Sens engage l'histoire existentielle dans une certaine direction, dans une trajectoire cohérente (que ce soit pour le pire ou pour le meilleur).

A ce stade évoquons différentes caractéristiques du Sens et de l'Instance.

Les Sens de l'Instance nous sont habituellement inconscients, nous n'avons alors aucune maîtrise du Sens dans lequel nous sommes engagés. Cela dépendant des autres (Instances) nous fait apparaître alors l'individualité comme entièrement conditionnée.

Nous pouvons néanmoins différencier les effets existentiels des Sens de nos Instances mais alors nous n'en discernons pas l'origine, ni la portée et nous nous contentons de repères existentiels pour marquer ces différences. C'est ce que cherchent à faire la plupart des philosophies ou des normes de comportement ou d'action, des idéologies et toutes sortes de guides. A la différence des mondes clos et stables traditionnels biens cadrés par un système de repères familiers, on sait bien que maintenant tous les repères sont possibles dans un monde ouvert ce qui conduit à les disqualifier tous et nous place devant une 'crise de Sens'.

A contrario il est possible d'envisager un mode de conscience particulière, la conscience de Sens ou discernement des Sens. Elle permet de voir où tel et tel Sens nous entraîne. Elle permet un libre choix de la disposition de Sens dans laquelle nous tenir. Elle permet donc de nous engager dans l'existence selon cette orientation commune et éclairée et donc d'en avoir une certaine maîtrise. Elle permet encore de maintenir une orientation choisie malgré d'autres influences et de s'en faire le garant pour d'autres ce qui veut dire en soutenir la responsabilité.

Il faut alors souligner ici qu'il y a dans l'Instance humaine des Sens qui favorisent la conscience de Sens et donc cette 'liberté responsable' et il y a dans l'Instance humaine des Sens qui nous en distraient pour quelques leurres. Ces leurres sont d'ailleurs bien souvent liés à la prise d'une dimension de l'existence pour le fondement de celle-ci.

Poursuivons le tableau de l'Instance par le fait que les Sens forment des ensembles que l'on peut appeler des Cohérences. Le schéma ci-dessous représente une réduction dans le plan à deux dimensions de ce qui dispose d'un nombre infini de dimensions.

Cohérence ou ensemble de Sens

Dans chaque Cohérence de l'Instance il y a toujours un Sens, parmi les autres, qui est celui par lequel la personne peut accéder à ce discernement des Sens, cette conscience de Sens qui lui procure un bénéfice d'accomplissement humain, un bénéfice d'humanité.

Pour simplifier on imaginera que chaque Instance porte en elle toutes les 'Cohérences' de l'humanité, donc tous ses Sens. Ainsi on peut dire que l'humanité de l'homme, c'est son Instance, celle d'un être de Sens.

Notons encore à ce stade différentes caractéristiques:

- Nous vivons à chaque moment une Cohérence de notre Instance, engagée plutôt dans un Sens ou un autre.

- Ce que nous vivons provient en général de l'influence d'autres Instances, familiales, sociales, circonstancielles, etc...

- Nous possédons en notre Instance la totalité de l'humanité (Sens et Cohérences humaines) mais chacun différemment selon les Cohérences et les Sens qui nous ont été rendu plus familiers, comme plus sensibles. C'est ce qui fait nos différences mais aussi notre unicité personnelle.

- Toute Instance est appelée à la conscience d'elle-même donc de ses Sens et ainsi à la liberté qui lui confère autonomie, maîtrise et responsabilité existentielle c'est-à-dire à son accomplissement, l'appropriation de son humanité en conscience.

Voilà une première approche de la personne. Il va falloir approfondir maintenant la question des rapports entre l'Instance et l'individualité existentielle.

Pour approfondir : Le Sens

3) L'expérience humaine, consensus et réalités

Il y a là aussi des apports très novateurs de l'Humanisme Méthodologique.

La question du conSensus

Si au fond la personne est Instance, être de Sens, toute relation humaine, inter personnelle donc, est relation de Sens, Sens partagés en conSensus. Les Sens étant le plus souvent inconscients, les conSensus le sont aussi.

Être en conSensus, c'est être en relation et disposés dans le(s) même(s) Sens. Dès lors on en partage les conséquences existentielles: motivations, aspirations, désirs mais aussi observation et analyse de l'environnement, histoire partagée, vécus éprouvés, représentations mentales, interactions physiques... Tout cela va dans le même Sens pour ceux qui sont en conSensus, le pire ou le meilleur.

Qu'est ce qui fait tel ou tel conSensus? L'influence du milieu, la susceptibilité (résonance familière) des personnes, l'auto entretien d'un consensus établi qui se conforte sans cesse, enfin les conséquences des choix et de leur possible maîtrise pour élire ou rejeter telles ou telles sources d'influence. Si je fréquente un certain milieu, je favorise un conSensus qui tend à se conforter et m'inciter à cette fréquentation. Alors d'autres milieux, moins familiers, me paraissent étranger.

La question de la réalité réalisée

La réalité réalisée c'est l'expérience du Sens en conSensus qui est constituée selon la structure cohérencielle. Nous en avons vu une première application pour décrire cette réalité: l'individu. De la réalité nous ne connaissons que ce que nous en expérimentons par toutes les composantes possibles (intégralité).

Croire que la réalité est ce que nous expérimentons, c'est constater à juste titre que cela ne dépend pas seulement de nous mais aussi que cela en dépend pour une part, notre participation au conSensus. C'est pour cela que des réalités matérielles par exemple nous paraissent totalement indépendantes de nous et nous pensons, des autres, de tous les autres. c'est là une erreur.

La réalité est 'fait de conSensus' et il nous faut parler ici des réalités inhérentes à tous les consensus possibles. La Réalité, le Monde, seront réservés à l'hypothèse d'une expérience réalisatrice de tous les Sens de l'humain en conSensus avec tous les hommes. C'est une hypothèse eschatologique que nous pouvons laisser ici de côté. Récapitulons.

Lorsque je partage un Sens avec d'autres Instances (conSensus) alors l'expérience de ces Sens partagés se structure selon les termes d'un cohérenciel.

On trouve alors simultanément avec les dimensions et composantes du cohérenciel:

- La structure de l'expérience

- Celle de la conscience existentielle,

- La structure de la réalité ainsi réalisée comme fait de conscience,

- La structure de l'individualité, réalité parmi les autres.

Nous voyons alors que le coeur des choses, individus, réalités, expériences, c'est le Sens en consensus au coeur de nous-même (notre Instance).

Nous pouvons déjà en déduire deux choses.

Au-delà de la connaissance (conscience) des réalités, toute compréhension profonde en appelle au Sens, au discernement des Sens sous-jascents. C'est inaccessible à celui qui nie le Sens et cherche dans quelque coin de l'expérience l'explication du reste.

Toute réalité réalisée, créée, transformée, modifiée, engagée dans un développement, une évolution, ne l'est que par le conSensus sous-jascent. En conséquence il n'y a de cause directe de toute transformation et donc toute action que du côté du Sens, conSensus des Instances.

Dès lors toute action ou réalisation est humaine (le pire et le meilleur) et c'est par le travail sur le conSensus, donc sur le Sens, qu'il peut y en avoir une certaine maîtrise.

Observons maintenant l'illusion commune.

Si le milieu 'influence' les conSensus et nous y entraîne on voit qu'en absence de conscience de Sens, c'est le milieu qui paraît être la cause de tout changement.

Nous pouvons alors construire des stratégies, des méthodes en nous faisant croire qu'ils sont directement la cause des changements dans la réalité. En fait ce sont des artifices par lesquels nous agissons sur le Sens et les consensus qui eux transforment la réalité, c'est-à-dire l'expérience de ces consensus modifiés.

On pourrait dire 'tout se passe comme si' telle ou telle pratique ou méthode, tel ou tel instrument, telle ou telle cause opérait dans la réalité du monde et cette approximation nous est souvent suffisante (en univers de conSensus stable).

Néanmoins il nous faut considérer que:

- toute action humaine réclame une certaine maîtrise du Sens mais que, le conSensus ne dépendant pas que de nous, le travail sur le conSensus est aussi nécessaire,

- que toute cette maîtrise du Sens réclame qu'il y ait quelque part un discernement des Sens qui en donne conscience et libre choix,

- que cette maîtrise peut s'exercer par influence pour favoriser le conSensus recherché et la réalisation qui l'actualise,

- que l'action menée engage et renforce le Sens qui la porte et que ce Sens de l'action qui en est l'essentiel la renforce pour le pire ou le meilleur.

Enfin il faut considérer que toute action qui veut favoriser l'accomplissement humain réclame, pour sa maîtrise, la culture de ce même Sens de l'accomplissement humain développant une maîtrise. Elle sert ceux qui sont impliqués dans le conSensus, eu égard à leur propre accomplissement.

Il y a donc un lien entre finalité, action, maîtrise de l'action et accomplissement humain lorsque c'est ce Sens qui est engagé.

Par contre lorsque c'est un autre Sens, il y a déni de l'Instance et du Sens et donc construction d'un leurre qui ne tient qu'en ignorant quelque terme de cette action et donnant à quelque élément d'expérience le statut de cause efficiente.

L'humanisme méthodologique renoue ici les fils de l'accomplissement humain et de l'efficacité de l'action par le biais de la maîtrise qui en dépend du Sens. Sens de l'existence et Sens de l'action se rejoignent avec le Sens de l'accomplissement. On verra qu'on a là une clé majeure pour réenvisager l'ensemble des enjeux humains et des pratiques.

On se retrouvera au milieu de multiples Sens qui portent tous leur interprétation du monde, leurs enjeux et leurs conceptions de l'action et aussi on redécouvrira de nombreuses références à ce Sens de l'accomplissement dont on pourra alors réactualiser les conceptions et les pratiques à un niveau de maîtrise bien souvent renouvelé.

Pour approfondir : La réalité et le réel

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CHAPITRE II - LES FONDEMENTS DE L'EXISTENCE HUMAINE

1) Mondes et communautés humaines

Une des premières conclusions de l'anthropologie de l'humanisme méthodologique c'est que l'homme n'existe pas sans les autres, mieux, que le monde, n'existe pas hors de l'expérience humaine partagée par effet de conSensus entre les hommes.

C'est dans la relation entre les Instances humaines que les individus et leur environnement apparaissent à l'expérience qui leur semble alors commune. Comprenons que si les personnes n'ont pas conscience de leur Instance (cas le plus fréquent) alors elles ne peuvent connaître la source de cette expérience et ce qu'elles expérimentent leur apparaît comme déjà là: monde, choses, individualités.

Ensuite on spéculera sur l'origine, la cause, les changements de ces réalités en cherchant en elles-mêmes l'explication ou alors dans quelque puissance extérieure non localisée. De là toutes sortes de philosophies élaborées par les hommes, selon le Sens dans lequel sont (inconsciemment) disposés leur Instance et leurs conSensus.

Dans le Sens où nous nous situons il faut bien voir l'importance des communautés humaines. Toutes les réalités, les univers d'existence, les mondes où nous vivons sont le fait de conSensus collectifs, communautaires.

Nous n'existons principalement que dans et par les communautés humaines dont nous sommes parties prenantes. Bien sûr, dans le contexte existentiel de telle ou telle communauté, le jeu complexe des relations, des groupes, donne une infinie variété aux façons de vivre un consensus communautaire et d'y vivre aussi l'inscription d'autres communautés.

Ainsi on peut dire que toute communauté humaine est communauté de communautés mais aussi que toute communauté humaine participe de l'humanité entière en tant que communauté des hommes.

Arrêtons nous sur quelques communautés. La famille qui offre un cadre existentiel à l'émergence d'une nouvelle individualité dans une filiation des personnes. Les groupes d'amis, d'activités, de travail qui forment des espaces où nous jouons quelques rôles différents de l'un à l'autre. Les communautés professionnelles, les groupes sociaux mais aussi les communes et les collectivités territoriales sont autant de communautés. Régions, nations, continents jusqu'à l'humanité entière offrent autant de cadres existentiels, de mondes où exister, évoluer et aussi prendre quelque responsabilité.

Toute communauté humaine est, au fond, une communauté de Sens. Elle est fondée dans un Consensus celui d'une Cohérence ou ensemble de Sens parmi lesquels souvent l'un prédomine à tel ou tel moment. Autant une Cohérence est une part d'humanité dans l'Instance, autant la communauté qu'elle sous-tend représente une part de l'humanité entière existentiellement parlant y incarnant sa part d'humanité essentielle. C'est là un des rôles majeurs des communautés humaines, leur vocation d'avoir à témoigner de leur part d'humanité et si possible dans le meilleur Sens.

Une communauté humaine n'est pas une collection d'individus (comme une collection d'objets) mais une communauté de personnes donc communauté de Sens et expérience réalisante partagée, c'est-à-dire aussi un monde peuplé d'individus.

De ce côté nous pouvons appliquer à ce monde les structures du cohérenciel.

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COMMUNAUTÉS HUMAINES

STRUCTURE COHÉRENCIELLE

D'UN MONDE COMMUN

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On y trouvera:

- Une orientation, une motivation, une aspiration apparaissant comme une 'intention collective' faisant de la communauté une sorte de sujet. Beaucoup de conceptions font 'abstraction du sujet' communautaire et traitent la collectivité comme un objet, un système sans âme éliminant l'humain et l'humanité des personnes qui y participent (devenus quelquefois objets statistiques)

- Un contexte, une situation centrée autour de quelqu'objet de référence, un lieu, une langue, un thème d'intérêt, un livre, un mythe, etc. La communauté apparaît alors comme un milieu complexe composé d'acteurs et de facteurs que l'on peut analyser, décompter, mettre en rapport.

- Une histoire et un développement avec ses processus, ses péripéties, ses avancées, ses réalisations, son évolution mais aussi ses projets pour le futur.

- Un champ de sensibilités partagées, affects spécifiques qui donnent souvent un sentiment d'appartenance (ou de répulsion). Celui-ci devient aliénant lorsqu'il est identifié comme fondateur de la communauté (à la place du Sens) et donc aussi des individus.

- Tout un jeu de comportements, d'usages, d'outils, de savoir-faire, de productions, d'aménagements, manières d'exister factuellement. Lorsque la communauté s'identifie aux choses auxquelles elle se mesure alors les individus deviennent choses parmi les choses et se traitent mutuellement comme tel.

- Un ensemble de représentations mentales imaginaire collectif, expressions, langues, oeuvres identificatoires, modèles, structures, formalismes. Là aussi lorsqu'on en fait l'essentiel de la communauté, les personnes sont aliénées à leur statut, aux normes idéologiques, aux modèles existentiels et sont traitées comme de pures abstractions qu'il est d'ailleurs alors plus facile d'administrer au sein de grandes structures rationalisées et réglementées.

Nous devons compléter ce tableau de l'existence communautaire, celle du monde propre à chaque communauté humaine par l'expérience de l'intégralité qui place les personnes dans la réalité commune sur le plan existentiel mais aussi comme coauteurs de l'existence commune par conSensus des Instances. Alors on voit se dessiner la possibilité de rôles et responsabilités communautaires dès lors qu'une conscience de Sens suffisante commence à émerger.

Nous voyons l'importance des communautés humaines comme champs d'existence individuelle mais aussi comme champs d'accès à une maîtrise, à une liberté, à un accomplissement personnel. Celui-ci ouvre aux responsabilités communautaires, notamment celles du devenir commun.

Il ouvre aussi à la question du Sens du bien commun.

En effet si toute communauté est communauté de consensus sur un ensemble de Sens (Cohérence) on doit considérer qu'il s'agit d'y poursuivre 'le meilleur Sens', celui par lequel se cultive le discernement des Sens et l'évolution des personnes vers une plus grande autonomie, une plus grande liberté, une plus grande maîtrise.

Cette conscience d'être (Sens en Instance) amène simultanément à la découverte de l'unicité de la personne (sa solitude ontologique) et au fait qu'elle n'existe que par et dans la communauté (ou des communautés) et qu'ainsi toute son existence et son action ne valent que par leur contribution au bien commun. Le meilleur Sens de la communauté est bien évidemment pour elle le Sens du bien commun. En le cultivant la communauté évolue vers une plus grande maturité humaine. Elle contribue par ce fait à l'accomplissement de ses membres et mieux encore peut servir le bien commun d'autres communautés.

S'associent donc au Sens du bien commun toute une série de questions posées à toute communauté humaine:

- Comment discerner le Sens du bien commun

- Comment le faire repérer par la communauté

- Comment le cultiver au travers de projets et d'engagements multiples

- Comment éduquer, former des hommes à prendre part à cette poursuite du bien commun.

Ce sont là les questions essentielles du politique, de la culture, du développement et aussi on le verra de la vocation de toute communauté humaine. L'Humanisme Méthodologique trouve là les bases les plus novatrices pour l'action dans et au travers des communautés humaines.

Ainsi toute communauté humaine est une communauté de Sens et dès lors qu'elle est engagée dans le Sens du bien commun, elle est une communauté de devenir, de projet, d'accomplissement, une communauté culturelle où se cultive le meilleur de l'humanité partagée, une communauté de développement humain dont les critères et les méthodes d'évolution sont celles de l'accomplissement de l'humanité. On en verra les conséquences.

Reprenons maintenant une question délicate mais essentielle.

Nous avons pu associer ConSensus - Communauté de Sens - réalité commune. Cette dernière est comme l'actualisation du ConSensus son expression existentielle. Il faut considérer que pour chaque communauté de consensus émerge une réalité commune, un monde dont les structures sont celles du cohérenciel qui en représente le déploiement.

Depuis le Sens en consensus, communauté des Instances, se déploie un monde, une réalité spécifique. A l'inverse toute situation, toute réalité quelle qu'elle soit peut être considérée comme le fait d'un consensus communautaire, comme propre à une communauté humaine.

Ainsi lorsque nous passons d'une communauté à l'autre, d'un consensus à l'autre, c'est d'un monde à l'autre que nous passons et notre existence individuelle n'est plus la même. Nous sommes de ce fait inscrit successivement et simultanément dans plusieurs mondes. Il est alors intéressant de faire ici une distinction, utile par bien des aspects.

Nous sommes inscrits dans des 'communautés de proximité' (familles, amis, cercles de travail et de rencontre, familiers) et nous y vivons des situations de proximité auxquelles nous participons au travers de relations de proximité. Cela constitue notre monde personnel, celui de notre existence individuelle.

Nous sommes inscrits dans des 'communautés culturelles' locales, nationales, internationales et, à ce titre, nous partageons plusieurs mondes dont les réalités sont culturelles, différentes de l'une à l'autre. C'est un second niveau de réalité auquel nous sommes confrontés.

Enfin nous sommes de la communauté des hommes et vivons un monde universel dont il est légitime de poser l'universalité des réalités ce que font notamment les sciences (en principe) mais aussi ceux qui posent comme universelles des réalités qui ne sont que culturelles ou encore de proximité.

Chaque fois que nous aurons à traiter un problème, une affaire humaine il sera bon de situer à quels niveaux l'envisager évitant ainsi les confusions meurtrières (ex. L'opinion 'de proximité' avec la connaissance scientifique ou bien des réalités culturelles avec des vérités universelles).

Il reste à noter que le domaine des communautés culturelles est le champ du politique comme recherche du bien commun. on voit bien que ce qui relève de l'opinion de proximité (démagogie) comme ce qui relève de la vérité universelle (idéologies normatives) sont souvent des obstacles à la pratique du politique. Le refus du fait communautaire débouche sur le refus du politique ou son dévoiement en recherche de pouvoir.

Enfin soulignons que la tangibilité d'une réalité, la puissance de réalisation ou de transformation tiennent à l'étendue du conSensus (personnes impliquées) et bien sur au Sens engagé dès qu'il s'agit d'évaluer ce qui concoure au bien commun. Cela montre l'importance de larges consensus pour les réalisations humaines importantes ce qui sera souvent un enjeu majeur de l'action dans les communautés humaines.

Pour approfondir : Les communautés humaines - Territoires le bien commun

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2) Positions de vie

La liberté humaine, liberté de Sens, dépend de la pluralité des Sens possibles constituant l'humanité de l'homme en son Instance. Si, comme on l'a vu, l'Instance est le lieu de Cohérences (ensembles de Sens) on peut y situer une Cohérence générale où se reconnaît un ensemble de Sens constituant des 'positions de vie'.

Ces Sens, dispositions d'être ou positions de vie sont tels qu'à chacun correspond une logique de vie, un système de valeurs, une certaine conception du monde, de l'action et ses finalités, des engagements et leur logique.

Il n'est pas possible d'envisager le discernement des Sens et donc pouvoir choisir le Sens de l'accomplissement (et la position de vie correspondante) sans reconnaître d'autres Sens et les positions de vie correspondantes. Là où se situe le meilleur Sens se situeront aussi les autres indissociablement. Le choix n'est pas l'élimination des autres Sens mais le renoncement à s'y laisser entraîner.

Cela suppose aussi de reconnaître dans les façons d'exister, conceptions, enjeux, comportements ce qui relève de telle ou telle position de vie, d'un Sens avec les conséquences humaines qu'il implique.

Nous allons ici reconnaître 14 positions de vie comme autant de directions d'une boussole à trois dimensions.

Tout d'abord six Sens permettent de structurer les directions de l'espace. On les considérera comme des positions repères. (1 à 6)

Ensuite huit cadrans seront marqués d'une position de vie repérable à la croisée des précédentes. On les appellera positions d'identité. (A à H)

Enfin trois cartes de cohérences dessinent des champs à partir des positions repères où se retrouveront deux à deux les positions d'identité précédentes pour partager conceptions, engagements ou motivations.

21 - Les positions repères

1) Position participative, les mots clés sont engagement, participation, générosité, relations, réalisations, concourance.

à l'inverse

2) Position spéculative, quête du paraître, gagner, capter, miser, séduire, l'individualisme ego centré.

3) Position progressiste, élever, grandir, améliorer, valoriser, qualifier, projeter, humaniser, développer.

à l'inverse

4) Position régressive, nécessité, fatalité, impérium des besoins, culpabilisation, oppression, soumission, exclusion-inclusion, confusion, matérialisme.

5) Position d'originalité, initiative, créativité, autonomie, autorité, auteur, authenticité, personnalité, responsabilité, foi en l'être, créativité.

à l'inverse

6) Position conformiste, suivisme, conformisme, modélisation normative, répétitivité, reproduction, fonctionnement organique, structuralisme.

Le lecteur est invité à s'identifier successivement à chacune des positions pour l'éprouver et aussi rassembler dans son expérience des exemples illustrant ces mêmes positions. Cela pourra concourir à une première approche du discernement de Sens.

22 - Les positions d'identité

A) (1,3,5) Position de maîtrise, culture d'une maîtrise personnelle au service de l'accomplissement des autres (vocation, profession de soi), discernement, liberté responsable, autonomie, maturation.

B) (1,3,6) Position de développement, suivi d'un processus de développement personnel, disciplines de vie, parcours d'expériences, épreuves d'initiation, quête de soi.

C) (2,3,5) Position d'exemplarité, identification idéalisée, leader, chef, héros, mis en vedette, modèle idéal de référence.

D) (2,3,6) Position militante, recherche de bénéfices identitaires, mobilisation, appartenance élitaire, solidarité d'opportunité.

E) (1,4,5) Position protectrice, maternage, disponibilité distributrice, englobante,

F) (1,4,6) Position infantile, profiter des situations, jouer le jeu, consommer, hédonisme, insouciance.

G) (2,4,5) Position dominatrice, menaçante, manipulatrice, destructrice, défensive, dénonciatrice.

H) (2,4,6) Position victimaire, revendicative, provocatrice, soumise, exigeante, victime, soupçonneuse.

23 - Les cartes générales de cohérences

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1) Première carte : Relations et enjeux des situations

RELATIONS ET ENJEUX DES SITUATIONS

Les enjeux et logiques de situations sont corrélés avec des jeux relationnels où des positions d'identité complémentaires s'accordent .

Le champ de l'involution, protection et infantilisation, il est celui de la recherche de sécurité, de protection, de confort et d'abondance comme un retour à une enfance idéale. Les positions protectrices et infantiles se complètent pour participer à une régression partagée, ignorante des exigences humaines.

Le champ de la dégradation, domination et victimisation, il est celui de l'agression et de la défense contre des menaces implicites ou explicites entraînant conflits, destructions, dégradations. La position dominatrice tente de surmonter la situation en s'imposant quitte à se dire victime. La position victimaire refuse toute responsabilité et provoque ce qui l'agresse pour mieux s'en exonérer comme de chercher à s'en sortir pour y rester. Telle est sa logique, trompeuse.

Le champ de la conquête, exemplarité et militance, il est celui des mobilisations pour des enjeux à conquérir, à atteindre, à réussir. Les uns, exemplaires, incarnent les idéaux à poursuivre, les autres, militants, suivent les premiers pour bénéficier de l'approche de l'idéal.

Le champ de l'accomplissement, maîtrise et développement, il est celui des enjeux d'accomplissement humain par l'exercice, d'un côté de maîtrises humaines et de l'autre par la référence à de telles maîtrises pour en suivre les voies et disciplines. Les champs pédagogiques, professionnels mais aussi tous les champs ou des responsabilités humaines ont à s'exercer sont concernés.

Une application importante : (en trois parties)

Communication et jeux d'identités 1

Communication et jeux d'identités 2

Communication et jeux d'identités 3

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2) Deuxième carte : Conceptions et interprétations

CONCEPTIONS ET INTERPRÉTATIONS

Le champ de la possession, domination et protection, il correspond à une interprétation manichéenne du monde par le jeu de puissances antagonistes. Dominé par l'émotionnel, le passionnel, toute altérité y est vécue comme altération (impropre, polluante) et suscite sentiment de menace, volonté de puissance, tentative d'emprise... pour le bien contre le mal. La politique, la religion, l'économie et toutes les affaires humaines peuvent être interprétés en ce Sens rassemblant dominateurs et protecteurs dans une même logique d'empêchement.

Le champ du naturalisme systémique, infantilité victimaire, il correspond à une vision englobante de la nature des choses imaginée en systèmes dont l'homme est partie intégrante, sans altérité sinon coupable parce que jugée contre nature. L'hédonisme victimaire contemporain s'y trouve justifié.

Profiter du bien public, du patrimoine commun et profiter de toutes les opportunités tout en décriant tout ce ( et ceux) qui pourrait porter atteinte à ces bénéfices. En même temps sont déniées toutes possibilités d'altérité humaine, donc d'humanité et d'accomplissement humain. Ce sont aussi toute liberté, toute autorité et en définitive toute 'parentalité', sous le couvert d'une sacralisation des figures matricielles englobantes, qui sont disqualifiées et ainsi les figures de paternité et de maîtrise humaine.

Le champ du rationalisme idéaliste, militants et développement, il ordonne tout progrès à la reproduction des règles et modèles normatifs. C'est par l'exercice d'une conformation vertueuse aux idéaux de la vie individuelle et collective que se rejoignent tenants du développement et militants des causes idéales: cité idéale, citoyenneté idéale, organisation idéale, modèles idéologiques progressistes, modèles technologiques de progrès, etc...

Le champ de la culture symbolique, maîtrise et exemplarité, il est engagé dans une culture de l'humanité tant du bien commun que du bien personnel. A ce titre, c'est le caractère symbolique de la culture humaine qui est significatif, c'est-à-dire exprimant toujours un Sens partagé.

En définitive au travers des choses et des affaires humaines ce sont toujours les virtualités humaines qui sont révélées ou réalisées alliant le souci de maîtrise, intériorisé au souci d'expression exemplaire extériorisée.

Exemples d'applications de cette seconde carte générale de Cohérence dite carte épistémologique.

La loi et l'ordre

La civilisation de l'entreprise

La raison a-t-elle toujours raison

Le Sens de l'intégrisme

Concertation et gouvernance

Nouveaux paradigmes

A quoi sert la science

Le Sens de la paix

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3) Troisième carte : Les finalités et modes d'action

FINALITÉS ET MODES D'ACTION

Le champ de la perpétuation, développement et infantilité, il est celui de la participation à la reproduction de modèles traditionnel. Leur entretien et leur maintenance sont les conditions de la production de bénéfices qui seront voués à la reproduction tout en développant les capacités de re(production). C'est toute une économie conservatoire qui y est fondée sur une vertu d'humilité gratifiante, une sorte de gestion patrimoniale.

La champ de la compétition, militants et victimes, l'enjeu est de gagner selon des critères normatifs qui déterminent le mérite de la réussite et la sanction de l'échec. C'est tout un édifice élitaire normatif et conformiste qui en découle se nourrissant de l'échec des uns et de la militance conservatrice des autres. Le salut des uns se mesure à l'échec des autres.

Le champ de la monstration, domination et exemplarité, faire preuve d'originalité dans l'exemplarité procure ce sentiment d'exaltation et de supériorité qui est recherché. L'enjeu glorificateur ne se soucie pas de fécondité ou de bien commun mais seulement d'admiration et de supériorité personnelle ou collective.

Le champ de l'engendrement, maîtrise et protection, l'enjeu c'est d'engendrer un bienfait au-delà de l'action, de 'produire des fruits' au delà des résultats. Ce n'est pas le résultat qui compte mais les fruits qui peuvent en être engendrés. Cela combine l'exercice d'une maîtrise avec le souci protecteur, facilitateur pour ce qui peut naître de l'action.

Les cartes de cohérences et les positions de vie peuvent être utilisées pour apprendre à différencier et discerner le Sens des situations, comportements, interprétations, enjeux dans tous les domaines des affaires humaines et à toutes les échelles.

Il suffit au début de reconnaître sur une question donnée les différents Sens possibles. Ce travail de discernement peut porter aussi bien sur les questions de proximité, les questions culturelles, communautaires ou les questions universelles.

Rien des réalités humaines n'échappe à la possibilité de discernement des Sens qui y sont engagés par les hommes dans leur consensus.

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3) Problématiques humaines et enjeux existentiels

Nous savons maintenant que toute réalité, toute situation, tout problème et toute affaire humaine est l'actualisation d'un ConSensus, de Sens participant à un ensemble de Sens dit 'Cohérence'. Ainsi ce qui se passe dans la réalité est l'actualisation d'une Cohérence en ConSensus ou du moins de tels ou tels de ses Sens.

Si nous nous arrêtons sur cette Cohérence sous-jascente nous savons qu'elle comporte tout un ensemble de Sens parmi lesquels se trouve un Sens 'd'accomplissement'. Lorsque c'est ce Sens qui est engagé alors peuvent advenir discernement (conscience des Sens), libre responsabilité, maîtrise. Tous les autres Sens n'y menant pas conduisent donc à des impasses sur le plan de l'accomplissement humain.

Du côté de la réalité, de la situation en problème, on peut dire alors qu'elle sont l'actualisation d'une 'problématique humaine' qu'elles incarnent, qu'elles réalisent. Chaque Cohérence de l'Instance est en fait une 'problématique humaine'. En effet il s'agit à chaque fois dans la situation et à travers elle de rechercher le meilleur Sens (Sens du bien commun dans les affaires communautaires).

Ce travail de discernement des Sens conduira à la possibilité de prendre position ( sur ce Sens) pour le problème posé et enfin de cultiver une maîtrise pour l'action en situation. L'exercice de cette maîtrise a lui même pour effet de servir tous ceux qui sont par ConSensus concernés par cette problématique humaine.

Ainsi chaque situation, chaque problème, chaque question, chaque réalité peut être considérée comme l'expression d'une problématique humaine (partagée) invitant à un travail de résolution par la recherche et la culture de son meilleur Sens.

L'engagement dans tout autre Sens de la problématique peut être considéré comme une 'tentative de résolution', sans aucun bénéfice d'accomplissement humain et conduisant au renforcement répétitif des logiques qui en découlent. S'il s'en dégage des bénéfices, ils ne valent pas pour le service de l'homme et de l'humanité, du moins directement.

On voit là que ce sont toutes les questions, tous les problèmes, toutes les situations, toutes les professions qui sont à questionner cherchant à chaque fois les problématiques qui les sous tendent et par quel Sens elles contribuent à l'accomplissement humain.

Il n'y a aucune situation qui ne puisse servir l'accomplissement humain, celui des personnes, bien sûr, par les conSensus qu'ils partagent dans les groupes et communautés qu'ils forment. Là se détermine un Sens de l'existence et de l'activité humaine. En toute chose rechercher le meilleur Sens et le cultiver par le développement et l'exercice d'une maîtrise (professionnelle par exemple) et par le service à ceux qui peuvent partager ce conSensus, service de leur maîtrise évidemment.

C'est la proposition systématique de l'Humanisme Méthodologique qui ne sépare plus mais au contraire relie la question du Sens de l'existence et celle des compétences qui s'exercent dans tous les domaines de cette existence, modestes ou exceptionnelles.

On aura donc par exemple à réaliser des analyses de Cohérence des grands problèmes qui nous préoccupent pour en dégager le meilleur Sens. On fera de même par rapport aux projets et situations communautaires et plus généralement pour tout objet, projet ou réalité humaine.

On en verra différents exemples dans la troisième partie de cet ouvrage.

Exemples d'analyses de Cohérences ou de problématiques humaines

Cohérence de la Révolution Française

Les rapports au risque

La logique de service

La gestion des situations

Postulats et postures scientifiques, mathématiques et pédagogiques

Textes sur l'essentiel

La trinité de l'homme

Principales thèses et commentaires

Le Sens de l'homme

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l'Humanisme Méthodologique : bases et perspectives - Roger Nifle - été 2003

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